Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/331

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« Je n’en puis plus », cria-t-il une dernière fois en s’arrêtant essoufflé, suffoqué de sa course longue et rapide.

Giselle était hors de vue. Julien s’assit.

« Ma foi ! il m’est impossible de la suivre… Au fait, je n’ai pas besoin de me ployer à toutes ses fantaisies. Cette idée de poursuivre son père comme un lièvre à la course ! Elle veut monter à cheval, à ce qu’il paraît ; si j’étais son père, je le lui refuserais joliment. C’est une folie ! Une enfant qui n’a jamais pris de leçons de manège et qui veut monter en pleine campagne des chevaux jeunes et fringants. Elle se cassera le cou ! J’espère bien que les parents ne seront pas assez faibles pour la laisser faire. Et s’ils ont la niaiserie d’y consentir, j’userai de mon influence pour lui faire abandonner cette folie. Elle m’écoute presque toujours, parce que je sais la prendre. C’est dommage que je ne sois pas son père : j’en ferais une personne aussi charmante au moral qu’elle l’est au physique ; telle qu’elle est, elle n’est pas supportable. »

Quand Julien fut de retour au château, il trouva tout le monde prêt à se mettre à table. Il expliqua la cause de son retard ; Giselle se moqua de sa paresse.

« Heureusement que je n’ai pas eu besoin de