Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/336

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julien.

Oui, Mademoiselle, dans les conditions où vous êtes, on risque beaucoup. Des chevaux vifs et ardents, une main faible et inhabile pour les mener, un maître inexpérimenté et sans autorité, la rase campagne pour manège, c’est plus qu’il n’en faut pour amener les plus graves accidents. »

Giselle ne dit plus rien ; elle regarda avec inquiétude sa mère, qui regardait à son tour d’un air reconnaissant le courageux Julien ; il affrontait sans crainte la colère de Giselle et il avait quelque chance de réussir à la faire changer d’idée.

Le reste de la société applaudit à la franchise de Julien, et s’unit à lui pour détourner M. et Mme de Gerville de céder à la fantaisie dangereuse de leur fille. Rien ne fut décidé à cause des regards courroucés de Giselle ; elle ne disait mot.

Après déjeuner Giselle s’approcha de Julien.

« Monsieur Julien, dit-elle, vous m’avez fait une méchanceté dont je vous garderai rancune.

julien.

J’en serai d’autant plus peiné, Mademoiselle, que j’ai parlé en ami sincère et dévoué, qu’il m’en a beaucoup coûté de vous contrarier, et que je vous aurais volontiers sacrifié mon travail, si