Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/389

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Giselle fondit en larmes.

« Giselle, dit Julien en lui prenant une de ses mains mouillée de pleurs, ma chère Giselle, j’aime votre douleur, parce qu’elle témoigne de votre changement, bien réel, bien complet ; mais j’aimerais bien mieux une douce gaieté et un esprit dégagé de toute inquiétude. L’homme que vous avez regretté, que vous vouliez bien aimer, n’est-il pas toujours là, désirant votre bonheur par-dessus toute chose, vous aimant toujours de toutes les forces de son cœur, vous demandant le bonheur d’une vie à deux, d’une vie d’époux chrétiens ? Si vous croyez pouvoir m’aimer encore comme je vous le demandais il y a dix ans, dites-le-moi, Giselle, et vous aurez comblé tous mes vœux.

giselle.

Est-ce sérieux ce que vous dites, Julien ? Me croyez-vous digne encore de porter votre nom, de partager votre existence ?

julien.

Plus digne que jamais, ma Giselle bien-aimée. Je n’ai jamais parlé plus sérieusement qu’aujourd’hui.

giselle.

Alors, mon ami, voici ma main ; le cœur est à vous sans partage. »