Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/393

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julien.

Vous l’avez effacée en prenant aujourd’hui mon nom, Giselle.

giselle.

Plaise à Dieu que je n’en fasse pas un objet de blâme, comme je l’ai fait pour celui de ce pauvre duc !

julien.

Je n’ai aucune inquiétude à ce sujet, chère Giselle ; quand on a passé par les épreuves que vous avez supportées, et qu’on en sort avec le repentir si vrai et si profond que vous m’avez témoigné dès notre première entrevue, le cœur et l’âme reprennent une vie nouvelle. Ces repentirs sont rares, bien rares, il est vrai, mais ce n’est pas une grâce sans exemple et vous êtes là pour le prouver. Ce qui jadis n’apparaissait chez vous que par de rares intervalles, est devenu une pensée bien vraie, bien profonde ; vous avez appris à aimer Dieu et ses créatures. Je suis une de ces créatures favorisées, et j’en bénis le bon Dieu du fond de mon âme. »

Julien ne se trompa pas ; Giselle ne vit plus pour le monde ; elle se consacra tout entière au bonheur de son mari, de ses enfants et de ses parents, qui ne la quittent pas ; ils n’ont d’autre chagrin que le souvenir du passé, dont ils s’ac-