aimable enfant ; quand vous y serez, vous ne voudriez pas qu’il fust aux Indes, car vous verrez qu’il sera bien mieux avec les anges et les saincts, qu’il ne seroit pas avec les tigres et barbares. Mais, en attendant l’heure de faire voile, apaisez votre cœur maternel par la considération de la très sainte éternité, en laquelle il est, et de laquelle vous estes toute proche. Et, en lieu que vous luy escririez quelquefois, partez à Dieu pour luy, et il scaura promptement tout ce que vous voudriez qu’il scache, et il recevra toute l’assistance que vous luy ferez par vos vœux et prières, soudain que vous l’aurez faicte et délivrée entre les mains de sa divine Majesté…
« Vous ne scauriez croire combien ce coup a touché mon cœur ; car enfin c’estoit mon cher frère, et qui m’avoit aymé extrêmement. J’ai prié pour luy et le feray toujours, et pour vous, ma très chère mère, à qui je veux rendre toute ma vie un particulier honneur et amour de la part encore de ce frère trépassé. »
C’est ainsi que saint François de Sales consolait, dans la personne de cette pauvre mère, toutes les mères chrétiennes dont les fils sont morts au service de Dieu et de la patrie, et qui ont fini leurs jours en leur devoir et dans l’obligation de leur serment.
La dépouille mortelle d’Hélion de Villeneuve reposait depuis trois mois environ dans la terre de Crimée, quand sa mère obtint la permission, aussi précieuse que rare, de faire exhumer son cercueil et de le faire rapporter en France. C’était pour elle une grande consolation de pen-