La cathédrale de Milan, que nous visitâmes dans tous ses détails, est digne du grand tombeau qu’elle abrite : elle nous parut d’une beauté et d’une magnificence sans pareilles. Elle est tout entière en marbre éblouissant de blancheur, et, en quelques endroits seulement, doré par le soleil qui semble l’avoir pénétré de ses rayons. L’intérieur est immense ; il renferme trois nefs ; toutes les fenêtres sont ornées de riches vitraux qui répandent dans l’édifice une teinte de recueillement et de mélancolie indéfinissable. Mais c’est du haut de la cathédrale que le spectacle dépasse toute idée et défie toute description. On marche au milieu d’une forêt de pics, de pyramides en marbre blanc, sculptés à jour ; on s’égare au milieu d’une multitude de statues de toutes dimensions, travaillées avec un soin et un art infinis, et qui, les yeux baissés ou levés au ciel, semblent fixées dans l’immobilité de l’extase. Notre guide nous assura que ces statues sont au nombre de huit mille. La cloche la plus haute, que couronne une statue de la sainte Vierge, semble vraiment percer à nue et se meut sensiblement sous le souffle du vent. De cette hauteur, la vue est très étendue et très belle ; mais l’œil se reporte invinciblement sur cette dentelle de marbre et sur ce peuple de statues d’anges et de saints qui vous entourent de toutes parts comme si l’on était déjà au paradis. Ce spectacle est, je crois, unique dans son genre, et il vaudrait à lui seul le voyage de Milan.
Il est néanmoins à Milan une autre église que nous allâmes visiter après la cathédrale et qui nous émut plus profondément encore, une église bien antique de style, bien humble d’apparence, sans ornements, sans beauté, mais où vivent les plus grands, les plus sublimes souvenirs : c’est l’église Saint-Ambroise, un des lieux les plus vénérables de tout le monde catholique. En posant le pied sur ce seuil à jamais sacré, de quelles émotions