Page:Ségur - Témoignages et souvenirs.djvu/232

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demande et apprend la cause de l’enthousiasme du peuple il se lève, il prie son guide de le conduire à ces pieux restes. Arrivé là, il est admis à toucher avec un mouchoir au cercueil où reposaient ces morts saints et précieux à votre regard. Il touche, porte le linge à ses yeux ses yeux s’ouvrent. Le bruit en court sur l’heure ; tout s’anime du vif éclat de vos louanges ; et le cœur de la femme ennemie, sans être rendu à la santé de la foi, n’en fut pas moins réprimé dans ses fureurs de persécution[1]. »

Ce témoin, dont l’autorité vient ainsi confirmer celle de saint Ambroise, c’est saint Augustin, et le livre est celui des Confessions.

Le souvenir de saint Augustin est, en effet, lié aussi étroitement que celui de Théodose au souvenir de saint Ambroise ; il vit dans cette admirable église où je m’arrête depuis si longtemps, et que je ne puis me résoudre à quitter encore ; et je l’avouerai même, c’est de tous les grands souvenirs qu’elle renferme celui qui me touche et m’émeut davantage. Comment en pourrait-il être autrement ? Saint Augustin est le modèle des pénitents, la plus douce espérance des pécheurs convertis. Il est le plus aimable, et, si je puis ainsi parler, le plus consolant des saints ; car nul n’aima Dieu davantage après l’avoir plus outragé.

Tout le monde connaît ce tableau d’Ary Scheffer, admirable traduction de la plus admirable page des Confessions, qui représente saint Augustin et sainte Monique méditant sur le bonheur du ciel. Ils sont assis auprès d’une fenêtre entr’ouverte qui laisse apercevoir la mer et le firmament. Une des mains d’Augustin repose dans celles de sa mère.

  1. Confessions de saint Augustin, traduction de L. Moreau, livre IX, ch. vii.