La ville de Kaltern, que nous eûmes le loisir d’examiner pendant le trajet, est dans une situation charmante, elle s’élève en amphithéâtre sur un plateau qui domine une vallée coupée de bois, de vignes, de prairies et de champs cultivés au fond de cette vallée, on voit briller au soleil les eaux tranquilles d’un lac. Les maisons y sont propres et riantes, tout y respire l’honnêteté, l’aisance et le contentement ; on sent que c’est un séjour de paix, et toute cette nature est en parfaite harmonie avec les mystères célestes qu’elle renferme.
Nous entrâmes dans l’église du couvent, et nous demandâmes le R. P. Capistran, religieux franciscain, confesseur de Marie de Mœrl. Nous vîmes bientôt arriver un vieillard aux cheveux blancs, à l’air doux et respectable, dont la robe de laine brune, attachée à la taille par une corde, indiquait l’humble fils de Saint-François. Nous lui dîmes en latin l’objet de notre long voyage, et lui demandâmes si nous pouvions voir immédiatement la vierge stigmatisée. Il nous répondit affirmativement, et nous dit avec la politesse de la charité, mais sans aucun empressement, que lui-même allait nous conduire auprès d’elle. Nous le suivîmes, le cœur un peu ému, comme à l’approche d’un grand événement, et, après avoir traversé deux ou trois chambres, nous arrivâmes à celle de l’extatique.
Le bon religieux ouvrit la porte, regarda dans la chambre et nous fit entrer avant lui Grand Dieu ! quel spectacle s’offrit à nos yeux et quelle émotion bouleversa nos cœurs ! Ma main en tremble encore au moment où j’écris ces lignes, tant cette impression est demeurée vivante dans mon souvenir.
Au fond de l’humble cellule, Marie de Mœrl était en extase, a genoux sur son lit, le corps tellement penché en avant, que sa position seule était un prodige : vêtue