jours de jeûne et de pénitence, ils ne font que ce seul repas ; les autres jours, ils prennent le soir une légère collation. Ce régime, qui semble si répugnant à la délicatesse des gens du monde et même à la nature telle que nos inventions nous l’ont faite, est cependant suffisant et sain, à en juger par ceux qui le suivent. La plupart des trappistes, malgré leur démarche un peu lente, sont vigoureux et bien portants ils ont peu d’infirmités et de maladies, beaucoup atteignent un âge avancé, et, quoique le monastère de la Grande-Trappe compte près de cent religieux, plusieurs années s’écoulent quelquefois sans que le ciel leur reprenne un seul frère.
Un escalier de bois conduit au dortoir, dont l’aspect est aussi pauvre, aussi austère que celui du réfectoire. Chaque frère a une petite cellule ouverte, sans porte, séparée des autres par une cloison de sapin ; dans chaque cellule, une planche recouverte d’une paillasse aussi mince que dure, quelques clous à la cloison pour suspendre leurs vêtements, qui leur servent aussi de couverture pendant la nuit. C’est là, sur cette humble couche, que les trappistes goûtent un sommeil profond et pur, sous la garde de leurs bons anges, sous le regard paternel de Dieu. Ils se couchent habituellement à sept heures du soir et se lèvent pour chanter les premiers offices à deux heures du matin. Certes, parmi les beaux esprits de salon ou d’estaminet qui les traitent de fainéants et de paresseux, il en est peu, que je sache, qui donnent moins de temps au sommeil et qui soient sur pied de meilleure heure. Il est vrai que, si les trappistes se lèvent si tôt, c’est pour aller dans leur humble chapelle chanter les louanges de Dieu, et voilà ce qu’on ne leur pardonne pas.
Cette chapelle, dont je n’ai rien dit encore, et qui tient cependant une si grande place dans la vie de ces saints religieux, est parfaitement en rapport avec sa destina-