si vive, si identique, quoique à bien des années d’intervalle, que tous, Anglais, Italiens, Allemands ou Français, se sont servis presque des mêmes termes pour exprimer ce qu’ils avaient senti. Je pourrais facilement prouver cette assertion en citant quelques extraits des relations de Gœrres et de don Riccardi en 1835, de M. de Cazalès en 1840, de lord Shrewsbury, en 1841, de M. Léon Borée en 1844, etc. mais je préfère renvoyer le lecteur au beau livre de M. Borée, intitulé les Stimagtisées du Tyrol[1], qui ne peut laisser le moindre doute, au moins sur la réalité des faits, dans l’esprit de quiconque l’aura lu avec bonne foi.
Que si, admettant la réalité des faits, on veut les expliquer naturellement, les opinions sont libres ; et, même pour des catholiques, le miracle ici est loin d’être article de foi. L’Église, qui est la sagesse même, et qui n’a pas besoin de preuves nouvelles pour établir son autorité sur les esprits et sur les cœurs, l’Église ne s’est pas prononcée et l’évêque de Trente, après une enquête officielle, s’est contenté de témoigner à Marie de Mœrl sa bienveillance particulière, en lui accordant le glorieux privilége d’avoir un autel et la messe dans sa chambre. Pour moi, qui ne suis point obligé à la même réserve, je dois a la vérité de déclarer que l’état de cette pieuse fille, dont la sainteté n’est mise en doute par personne, et qui, depuis douze ans, alors que je l’ai vue, vivait dans une extase continuelle, portant les stigmates sanglants de Jésus-Christ, affranchie de la plupart des lois de la nature humaine ; je dois déclarer que cet état me parait évidemment miraculeux ; qu’il m’est impossible, quoique je fasse, d’y trouver une explication naturelle, et que la
- ↑ Marie de Mœrl vivait encore, et toujours de la même vie surnaturelle, jusqu’au mois de janvier 1868, où elle mourut saintement vingt-deux ans après l’époque où je l’avais visité.