avec une effrayante réalité dans toute sa personne les souffrances de la Passion et de la mort du Sauveur. « Ces jours-là, nous disaient ces braves gens en soupirant, on entend ses lamentations dans tout le village ! » Lamentations terribles en effet, plainte profonde mais résignée, comme celle de Jésus-Christ lui-même sur la croix « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’avez-vous abandonné ? »
Telle était Domenica Lazzari quand nous la vîmes, le 30 août 1846 ; telle elle vécut encore près de deux ans, jusqu’au jour où elle alla au ciel recevoir la récompense de son long martyre ; telle elle vivait déjà depuis douze ans, miracle subsistant de la puissance et, je l’expliquerai tout à l’heure, de la miséricorde divine ! Née en 1815 d’un pauvre meunier de Capriana, ayant toujours vécu dans la crainte et l’amour de Dieu, et plongée dès son enfance dans la méditation profonde de la Passion de Jésus-Christ, elle eut, vers l’âge de dix-neuf ans, en 1833, d’après le rapport du docteur Dei-Cloche, qui la soigna longtemps, une sorte de vision ou d’extase, à la suite de laquelle elle fut atteinte d’un mal inconnu et étrange. Dès lors elle ne quitta plus son lit, cessa absolument de manger et de boire, ne prenant d’autre nourriture que la sainte communion une fois par semaine. En 1834, elle reçut les stigmates du front, des pieds, des mains et du côté. À dater de cette époque, son martyre n’a pas cessé, non plus que sa vie toute surnaturelle. Des milliers de témoins l’ont vue, ont assisté à son agonie mille fois renouvelée le vendredi, et ceux que j’ai déjà cités au sujet de Marie de Mœrl ont également raconté le prodige encore plus incontestable peut-être de la stigmatisée de Capriana. MM. de Cazalès, Léon Borée, de Mioy, don Riccardi, lord Shrewsbury, des prêtres et des laïques, des catholiques et des protestants, des savants