« Lorsque vous recevrez cette lettre, mon cher père et ma chère mère, ne vous affligez pas de ma mort ; en consentant à mon départ, vous avez déjà fait la plus grande partie du sacrifice. Lorsque vous avez lu les relations des maux qui désolent ce malheureux pays, inquiets sur mon sort, ne vous a-t-il pas fallu le renouveler ? Bientôt, en recevant ces derniers adieux de votre fils, vous aurez à l’achever ; mais déjà, j’en ai la confiance, je serai délivré des misères de cette vie et admis dans la gloire céleste. Oh ! comme je penserai à vous ! comme je supplierai te Seigneur de vous donner part à la récompense, puisque vous en avez une si grande au sacrifice ! Vous êtes trop chrétiens pour ne pas comprendre ce langage je m’abstiens donc de toute réflexion. Adieu, mon très cher père et ma très chère mère, adieu ; déjà, dans les fers, j’offre mes souffrances pour vous. Je ne vous oublie pas non plus, ô mes sœurs et vous tous qui prenez tant d’intérêt à moi ; si, sur la terre, chaque jour je vous ai recommandés à Marie, que ne pourrai-je point près d’elle si j’obtiens la palme du martyre ? Je suis avec tout le respect et l’affection filiale possibles, mon cher père et ma chère mère, votre fils obéissant. »
Au milieu de toutes les souffrances que le saint missionnaire eut encore à subir avant le dernier supplice, il ne cessa de prier et de chanter jusqu’à la fin. Le chant des cantiques et des psaumes était pour lui une consolation puissante. Après une cruelle flagellation, qu’il supporta héroïquement, on le traîna dans sa cage, et en y arrivant il chanta le Salve, Regina. « Oui, écrivait-il, s’il me faut chanter à la dernière heure, me rappelant l’exemple des anciens martyrs, je chanterai pour la plus grande gloire de Dieu. Jésus, Marie, Joseph, seront mes dernières paroles ! » Et il termine en disant : Adieu, je