avait écrit ces touchantes paroles : « C’est Dieu qui l’a voulu ainsi vous y gagnerez le ciel et il en tirera an gloire et celle de son Église. Seulement, je suis triste de n’être pas de la partie. Quelle belle carrière que celle des martyrs ! Oh ! je suis plus que triste, je suis jaloux de vous voir partir avant moi pour la patrie céleste, par le chemin le plus sur et le plus court, tandis que je reste encore sur cette mer orageuse, sans savoir quand je parviendrai au port, sans même être assuré d’y parvenir jamais. Moi votre évêque, moi le vieux capitaine de vingt ans de service en terre étrangère, sans compter mes trois ans de premières armes au pays natal, ne devais-je pas être couronné avant vous ? Comment osez-vous me supplanter ainsi ? Mais je vous pardonne, parce que c’est Dieu qui l’a voulu vous êtes à ses yeux un fruit mûr pour le ciel. Plus âgé que vous, je suis aussi plus chargé de péchés, et j’ai besoin de faire plus longtemps pénitence dans ce monde. Je vous pardonne dans l’espoir fondé qu’au ciel vous serez un nouveau et zélé protecteur de notre mission, et que, par vos prières, vous finirez tôt ou tard par m’attirer là-haut. Allez donc en paix, enfant gâté de la Providence, allez jouir du triomphe qui vous attend. Je vous admire d’avoir été choisi de si bonne heure pour combattre le grand combat des héros chrétiens je vous porte envie, il est vrai, mais c’est une envie d’amour, une jalousie de tendresse. Il est certain que vous serez mis à mort, préparez-vous-y donc le mieux que vous pourrez. Que vous êtes heureux ! Les jours de votre pèlerinage sur fa terre vont bientôt finir : bientôt vous irez joindre les Borie, les Cornay, les Schœffler, les autres apôtres et martyrs de cette mission ! »
Monseigneur Retord, en apprenant sa condamnation et son exécution prochaine, lui envoya encore un adieu et une bénédiction suprêmes.