Page:Ségur - Témoignages et souvenirs.djvu/318

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représente les différentes scènes de son exécution et de ses funérailles[1].

Telle est, autant qu’une description froide et incomplète en peut donner l’idée, cette chambre des martyrs qu’habitent de si grands souvenirs. Telle est l’histoire bien abrégée des ossements, des reliques et des tableaux qu’elle renferme. Oh ! que cette histoire est belle et consolante pour des chrétiens, et que de réflexions, que de troubles salutaires elle doit faire naître dans l’âme des incrédules ou des indifférents ! Qui pourrait contempler ces reliques sacrées, ces tableaux, ces ossements et ces chaînes, et penser aux vertus surhumaines de tous ces martyrs, sans se demander, avec un doute qui est presque un aveu, si Dieu n’est pas là, et sans se poser cette effrayante question : « Quoi ! tout ce sang, tout ce dévouement, tout cet amour, auraient été donnés à une chimère ? » Qui pourrait pénétrer dans ce sanctuaire tout ensanglanté en quelque sorte par la malice des païens et l’amour crucifié des martyrs, sans s’incliner avec un respect et une humilité involontaires devant la grandeur et la sainteté du dévouement catholique ? Ô saints martyrs de Jésus-Christ ! quel homme, incrédule ou non, s’il est de bonne foi et s’il sait se rendre justice, ne se trouverait bien petit et bien peu avancé dans la science des choses divines à côté de vous ? Qui ne trouverait son courage timide à côté de votre courage, son dévouement égoïste, ses sacrifices intéressés ? Qui ne sentirait son amour de Dieu et des hommes tiède et languissant auprès de votre amour ? Car ce que vous avez donné à Dieu et à vos frères,

  1. Depuis que j’ai écrit ces lignes, la chambre des martyrs ne s’est que trop enrichie de reliques nouvelles : la persécution fait chaque jour de nombreuses victimes. Leur histoire est toujours la même, c’est celle du courage surhumain dans le dévouement et de la joie héroïque dans le martyre.