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Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/155

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en poursuivant la boulette qui roulait sous ses griffes et ses dents.

Charles se défendit de son mieux, lui tira les pattes à les lui briser, lui serra le cou à l’étrangler ; le chat se sentit vaincu et voulut sauter à bas, mais Charles ne lui en donna pas le temps ; il l’empoigna par les pattes de derrière, et, malgré les cris désespérés de l’animal, malgré les cris furieux du maître, il le fit tournoyer en l’air et le lança sur le pupitre du surveillant, qui reçut dans ses bras son chat étourdi et presque inanimé. Les yeux du maître lançaient des éclairs. Il descendit de son estrade, se dirigea vers Charles, le fit rudement avancer jusqu’au milieu de la salle, le força à se coucher à terre, et commença à le déshabiller pour lui faire sentir la dureté du fouet qu’il tenait à la main. Mais à peine eut-il enlevé à Charles son vêtement inférieur, qu’il recula épouvanté comme l’avait fait Mme Mac’Miche : les diables étaient encore à leur poste, frais et menaçants.

Charles devina et se releva triomphant.

« Je suis un protégé des fées, dit-il, j’en porte les armes ; malheur à qui me touche ! trois fois malheur à qui me frappe ! »

Boxear ne savait trop que penser ; il commença pourtant par reculer ; le hasard voulut qu’en reculant il trébuchât sur un tabouret, qui le fit tomber en avant ; il se trouva avoir le pied foulé et le nez très endommagé ; les enfants, voyant qu’il ne pouvait se relever, quittèrent leurs bancs, et,