Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/216

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marianne.

Pardon, ma cousine, je sais qu’il dit vrai ; c’est moi qui le lui ai appris ; et maintenant que vous m’y faites penser, je me souviens d’en avoir parlé au juge ; c’est peut-être ce que vous me demandiez en entrant.

madame mac’miche.

Malheureuse ! tu m’assassines ! Je ne puis rien rendre ; je n’ai rien.

marianne.

Tout cela ne me regarde pas ; c’est M. le juge qui en sera chargé par l’attorney.

madame mac’miche.

L’attorney ! Mais c’est une infamie que ces attorneys ! Ils condamnent toujours ! Dans toutes les affaires ils condamnent quelqu’un ! Je n’ai rien ! Croyez-moi, mes chères, mes bonnes cousines. Ayez pitié de moi, pauvre veuve… Charles, mon bon Charles, intercède pour moi. Songe que je t’ai logé, nourri, habillé pendant trois ans.

madame mac’miche.

Quant à ça, ma cousine, je ne vous en ai pas grande obligation ; logé comme un chien, nourri comme au workhouse, habillé comme un pauvre, battu tous les jours, abreuvé d’humiliations et d’injures. Et pendant que vous me reprochiez le pain que je mangeais, que vous m’appeliez mendiant, vous aviez ma fortune que vous me dissimuliez, et qui payait et au delà la dépense de la maison. Mes cousines Daikins sont pauvres, elles ne peuvent pas me garder pour rien : il est juste que ma