Aller au contenu

Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« C’est sans doute ma cousine Marianne que vous désirez voir, Monsieur ? lui dit-il ; je vais la prévenir ; en attendant, voici notre chère aveugle qui va faire connaissance avec vous et avec Mademoiselle votre fille. »

Charles approcha des chaises près de Juliette et alla chercher Marianne, qui s’empressa d’arriver.

Juliette et Lucy Turnip eurent bientôt fait connaissance ; Charles s’assit près d’elles et causa avec beaucoup de gaieté et d’esprit ; il faisait un temps magnifique ; Charles proposa une promenade, qui fut acceptée.

Marianne allait prendre le bras de Juliette, lorsque Charles, s’approchant, s’en empara et dit en riant :

« Vous voulez m’enlever mes vieilles fonctions, Marianne ; je ne les cède à personne, vous savez.

marianne.

Je pensais que tu donnerais le bras à Mlle Lucy.

charles.

Je regrette beaucoup de ne pouvoir faire comme vous le dites, Marianne ; mais, tant que j’aurai le bonheur d’avoir Juliette avec moi, je la promènerai, je la soignerai comme par le passé. J’espère, Mademoiselle Lucy, ajouta-t-il en se tournant vers elle, que vous ne m’en voudrez pas ; si vous connaissiez Juliette, si vous saviez tout ce que je lui dois, tout ce qu’elle a fait et continue à faire encore pour mon bien, vous trouveriez bon et naturel qu’elle passât pour moi avant tout le monde. »