qu’il pensait, son visage perdait de son expression méchante, son regard s’adoucissait. Ses yeux devenaient humides, et, enfin, une larme roula le long de ses joues.
« Je crois que Juliette a raison, dit-il ; elle serait moins méchante si j’étais meilleur ; je serais moins malheureux si j’étais plus patient, si je pouvais être doux et résigné comme Juliette !… Pauvre Juliette ! Elle est aveugle ! Elle est seule tout le temps que sa sœur Mary travaille ! Elle s’ennuie toute la journée !… Et jamais elle ne se plaint, jamais elle ne se fâche ! toujours bonne, toujours souriante !… il est vrai qu’elle est plus vieille que moi ! Elle a quinze ans, et moi je n’en ai que treize… C’est égal, à quinze ans je ne serai pas bon comme elle ! Non, non, avec cette cousine abominable, je ne pourrai jamais m’empêcher d’être méchant… Tiens ! qu’est-ce que j’entends ? dit-il en se levant. Quel bruit !… Qu’est-ce que c’est donc ?… Et cette maudite porte qui est fermée ! Ah ! une idée ! Je brise un carreau et je passe. »
Charles saisit une pincette, donna un coup sec dans un des carreaux de la porte qui était vitrée, et engagea sa tête et ses épaules dans le carreau cassé ; il passa après de grands efforts et en se faisant plusieurs petites coupures aux mains et aux épaules ; une fois dehors, il descendit l’escalier, courut à la cuisine, où il n’y avait personne ; puis à la porte de la rue, qu’il ouvrit. Il se trouva en face d’un groupe nombreux qui escortait et ramenait Mme Mac’Miche ; un homme en blouse suivait,