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Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/73

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charles.

Il me semble, moi, qu’elle a raison au fond ; mais je n’ai pas sa douceur ni sa patience ; quand ma cousine m’agace, m’irrite, m’humilie, je m’emporte ; je sens comme si tout bouillait au dedans de moi, et si je ne me retenais, je crois en vérité que, dans ces moments-là, j’aurais une force plus grande que la sienne, que ce serait elle qui recevrait la rossée, et moi qui l’administrerais.

betty.

Mais il faut dire à Juliette ce que sa cousine pense d’elle.

charles.

À quoi bon ? Ce que j’ai entendu ferait de la peine à la pauvre Juliette et ne servirait à rien ; elle sait que ma cousine ne l’aime pas, ça suffit. »

Le souper ne tarda pas à être servi tout en causant ; Mme Mac’Miche fut avertie, descendit dans la salle et mangea copieusement, après avoir maigrement servi Charles, qui n’en souffrit pas cette fois, parce que Betty avait eu soin de lui donner un bon acompte avant de servir sur table ; il mangea donc sans empressement et ne redemanda de rien ; la cousine n’en pouvait croire ses yeux et ses oreilles. Charles modeste et paisible, sobre et satisfait était pour Mme Mac’Miche un Charles nouveau, un Charles métamorphosé, un Charles commode.

Après son souper, Mme Mac’Miche, fatiguée de sa journée accidentée, donna congé à Charles, disant qu’elle allait se coucher. Charles, qui, lui aussi, avait soutenu plus d’une lutte, qui avait