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un monde inconnu

restre et semblait compter de 40 à 45 de nos années. Sa taille élevée était bien prise ; tous ses membres, bien proportionnés, décelaient la souplesse et la vigueur ; sa démarche aisée et libre trahissait l’harmonie d’une nature bien équilibrée. Son visage, qu’encadraient de longs cheveux noirs brillants et bouclés et une barbe de la même couleur, fine et naturellement frisée, était empreint de douceur et de gravité. Son front développé, ses yeux vifs et pénétrants dénotaient une intelligence large et prompte.

Il avait le nez droit, la bouche petite, qu’entrouvrait d’habitude un sourire bienveillant.

Il était vêtu d’une sorte de tunique descendant jusqu’aux pieds, faite d’une étoffe brillante et soyeuse dont la couleur azurée était très douce à l’œil, et que retenait à la taille une ceinture d’une nuance plus foncée, tout enrichie d’ornements qui ressemblaient à la plus fine broderie. Ses pieds étaient chaussés de sandales faites d’une sorte de liane tressée et que rattachaient au bas de la jambe des rubans entrecroisés. Sur ce costume, riche et simple à la fois, était négligemment jeté un vaste manteau d’une éclatante blancheur, fixé au sommet de la poitrine par une large agrafe formée d’une matière brillante comme le diamant.

Les trois amis se levèrent. Marcel fit quelques pas au-devant du nouveau venu, et s’inclinant avec gravité :

« Sois le bienvenu, dit-il, toi qui, depuis que nous sommes dans ce monde nouveau, nous à initiés à tant de merveilles. »

Jacques et lord Rodilan s’étaient approchés et joignaient à celles de Marcel leurs marques de respect et de reconnaissance.

« Amis, reprit Rugel, le moment que je vous avais annoncé est arrivé. Vous avez maintenant une connaissance suffisante de notre langue pour pouvoir paraître devant le prudent Aldéovaze, notre chef suprême et vénéré, et les sages qui l’assistent dans la direction de nos affaires publiques. Depuis longtemps déjà le bruit de votre si extraordinaire arrivée est parvenue jusqu’à lui ; nos savants s’en sont occupés ; c’est lui qui m’a placé auprès de vous avec la mission de vous instruire pour vous permettre d’entrer en communication avec nous. »

Jacques l’interrompit :