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un monde inconnu

« Dès longtemps déjà nous y avions songé ; nos savants s’étaient efforcés d’attirer l’attention de leurs frères terrestres. Ces tentatives étaient jusqu’ici demeurées inutiles ; votre audace a résolu le problème. Le génie de la science, qui n’est qu’une des manifestations de la Puissance Suprême qui régit l’univers, vous a conduits parmi nous, au milieu de périls dont votre grand cœur a su triompher.

« Nous espérons que ce n’est là qu’un commencement, et il nous est peut-être permis d’entrevoir le temps où, grâce aux progrès incessants de l’esprit humain, les mondes qui gravitent autour d’un centre commun, reliés les uns aux autres, ne formeront plus qu’une vaste famille. Ce sera là pour vous une gloire immortelle.

« Allez et mettez-vous en rapport avec nos savants ; étudiez avec eux la constitution géologique de notre monde, nos sciences, nos arts et nos industries. Rendez-vous compte de l’état de nos mœurs, de nos coutumes, de nos institutions. Et lorsque vous aurez acquis une connaissance complète de notre civilisation, instruisez-nous à votre tour et faites-nous connaître le monde dont vous êtes les représentants. »

Aldéovaze avait fini de parler.

Ses paroles, recueillies par des appareils vibratoires et amplifiées, grâce à une savante application de l’électricité, arrivaient claires et précises jusqu’aux derniers rangs des spectateurs qui, du milieu même de la baie, assistaient à cette émouvante cérémonie. D’autres appareils transmettaient les discours échangés dans la capitale jusque dans les provinces les plus éloignées, dont les habitants, réunis sur les places publiques, assistaient en quelque sorte à ces solennités.

« Glorieux et vénéré chef d’un monde où nous avons reçu un si cordial accueil, répondit Marcel d’une voix émue, les enfants de la Terre vous saluent. Les nobles et généreuses paroles que nous venons d’entendre ont rempli notre cœur d’une joie profonde et d’une éternelle reconnaissance.

« Les hautes espérances que vous nous avez fait concevoir nous ont animés d’une nouvelle ardeur. Nous serons fiers de servir d’intermédiaires entre les deux humanités qui s’ignorent