Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
160
un monde inconnu

monie de leur réception, les paroles qui avaient été échangées, les espérances qu’avait fait naître leur heureuse arrivée étaient connues partout. Aussi, en quelque lieu qu’ils se présentassent, ils étaient accueillis avec un bienveillant empressement ; chacun se montrait ravi de les recevoir, de contribuer à les instruire.

Pour eux, tout était nouveau, tout était à étudier.

Et, suivant leurs aptitudes, ils s’étaient partagé la tâche.

À Marcel revenait de droit le domaine si étendu des sciences et de leurs applications ; à Jacques appartenait celui de la physiologie, de la médecine et des sciences naturelles, qui lui offrait un champ indéfini d’observations. Lord Rodilan s’était réservé l’étude des institutions politiques et de l’histoire de ce monde inexploré.

Profondément versé dans l’étude des sciences à laquelle il avait voué sa vie, et doué d’une rare faculté de compréhension, Marcel eut bientôt parcouru le cercle des applications nouvelles et hardies où s’était aventuré le génie des savants du monde lunaire. Rugel et quelques autres esprits d’élite, qui s’étaient mis avec empressement à sa disposition, étaient émerveillés de la facilité avec laquelle il abordait les problèmes les plus ardus et devinait en quelque sorte leurs solutions aussitôt qu’il était mis sur la voie de la démonstration. Il s’arrêtait souvent devant quelqu’une de ces machines simples à la fois et puissantes qui exécutaient des travaux de force ou de vitesse ; il cherchait un instant et bientôt découvrait la loi du mécanisme, en donnait la formule, et ceux qui s’étaient chargés de son initiation se regardaient avec un sourire approbateur.

Les instruments d’optique appliqués à l’astronomie attirèrent son attention : l’astronomie était sa passion.

Dans les bibliothèques et les musées, qu’il avait visités avec soin, il avait vu des modèles de lunettes dont les proportions lui avaient paru colossales. Il s’était souvent demandé comment les habitants de la Lune, enfermés sous une voûte de granit, pouvaient observer les espaces célestes ; et un jour qu’il interrogeait Rugel à ce sujet, celui-ci lui avait répondu en souriant :

« Patience, ami ; nous vous montrerons notre observatoire, qui