Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
167
études et recherches

la nôtre, des anesthésiques et des antiseptiques, leur fournissait les moyens de pratiquer avec la plus grande sécurité les opérations les plus délicates, sans avoir à craindre les funestes conséquences qui souvent chez nous les rendent si redoutables.

Tout d’ailleurs les favorisait : l’air qu’ils respiraient et que surchargeait l’ozone, milieu essentiellement défavorable aux germes morbides, et par-dessus tout la simplicité même de leur organisme, qui rendait toujours facile et jamais périlleuse la diffusion des substances médicamenteuses,

Un jour que Jacques s’entretenait avec ses amis des singularités que ses observations lui avaient révélées sur la constitution physiologique des habitants de la Lune, lord Rodilan l’interrompit en s’écriant :

« Ah ! voilà un pays où les damnés fils d’Esculape seraient bien assurés de ne jamais faire fortune !

— Vous leur en voulez donc bien, mon cher ami, répondit Jacques, à ces malheureux médecins, qui, si souvent, exposent leur vie pour arracher leurs semblables à la mort ?

— Oui, oui, je sais, il en est qui, comme vous, sont de braves gens, toujours prêts à soulager le pauvre monde. Mais je parle de ces charlatans qui se targuent orgueilleusement du titre de princes de la science et n’ont en vue que de vendre à des prix fantastiques les moindres paroles tombées dédaigneusement de leurs lèvres sibyllines.

— Vous avez donc été écorché de bien près par quelqu’un de mes savants confrères ?

— Ah ! oui, et il m’en souvient encore. J’étais, depuis quelque temps, travaillé par des douleurs d’estomac à propos desquelles j’avais consulté nombre de médicastres, tous plus diplômés les uns que les autres. Ils m’avaient drogué à qui mieux mieux et envoyé aux stations balnéaires les plus fantaisistes, et, bien entendu, toutes ces pérégrinations n’avaient profité qu’à ceux qui me les avaient conseillées : car nul n’ignore que ces messieurs ne dédaignent pas de toucher une commission plus ou moins raisonnable pour chacun des patients qu’ils adressent aux établissements en vogue.