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un monde inconnu

tricité ; ils n’avaient eu qu’à disposer dans ce long couloir presque vertical, dont ils avaient régularisé les parois, une cage d’ascenseur de cinq mètres environ de côté. Les montants et les croisillons en étaient formés d’une tôle d’acier très résistante ; les diverses parties étaient reliées entre elles par des boulons solidement rivés, ce qui donnait à l’ensemble la rigidité d’un corps plein. De distance en distance, aux quatre angles de cette cage, s’allongeaient des poutres de tôle, également boulonnées, de longueur forcément variable, suivant la distance qui séparait les montants de la paroi rocheuse, et profondément scellées dans cette paroi.

L’ascenseur qui circulait dans cette sorte de cheminée était muni, à chacun de ses angles, de deux roues dentées, l’une au sommet, l’autre à la base, s’engrenant sur quatre crémaillères disposées le long des montants. Le mouvement leur était donné, avec une vitesse d’environ vingt kilomètres à l’heure, par un moteur électrique d’une formidable puissance sous un volume relativement restreint, aménagé dans la partie inférieure de l’ascenseur. Ce moteur, propulsif lorsqu’il s’agissait de faire monter l’appareil, servait, à la descente, de modérateur et de frein. Tout était calculé avec une rigueur si mathématique, les matériaux employés étaient d’une telle homogénéité et d’une telle résistance, le travail d’exécution était d’une telle perfection que le tout fonctionnait avec la douceur et la sûreté d’un appareil de précision, et que les chances d’accident avaient été réduites à une proportion infinitésimale.

Pour plus de sécurité, pour ne rien abandonner à l’imprévu, toujours possible dans les œuvres humaines, l’esprit de prévision des ingénieurs lunaires avait disposé, au-dessous du point de départ de l’ascenseur et dans l’axe même de la cage, une profonde cavité remplie d’une eau rendue plus dense par l’addition d’un mélange chimique, et dont l’élasticité devait, en cas de chute, amortir le choc terminal.

Marcel restait saisi d’admiration devant ce travail colossal, qui se développait sur une hauteur de quinze lieues, et dont la seule conception paraissait effrayante.