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un monde inconnu

Et, leur donnant l’exemple, il se mit en devoir de revêtir un des appareils disposés le long du mur.

« Que chacun de vous, leur dit-il, choisisse à sa taille ; mais ayez bien soin de fermer très hermétiquement toutes les ouvertures, car la moindre fuite, en laissant échapper l’air dont vous serez entourés, pourrait vous exposer à de sérieux dangers. ».

Bientôt les trois voyageurs et leur guide se trouvaient revêtus de ce costume dont l’étrangeté provoqua l’hilarité de lord Rodilan. Leurs têtes seules étaient encore libres.

« Certes, fit-il, si mes amis de la Terre me voyaient en pareil équipage, ils auraient peine à me reconnaître.

— Aucun d’eux surtout, repartit Jacques, ne pourra se vanter d’avoir tenté une expédition semblable à celle que nous allons accomplir. »

L’appareil dans lequel ils étaient étroitement enfermés était formé d’un tissu à la fois souple et tenace, revêtu d’un enduit qui le rendait absolument imperméable. La tête du voyageur était emprisonnée dans une sorte de sphère de métal garnie, à sa partie antérieure et sur les côtés, de plaques de cristal permettant au regard de parcourir presque tout l’horizon. Dans cette sphère s’ouvrait l’orifice d’un conduit qui y amenait l’air nécessaire à la respiration. Cet air venait d’un réservoir métallique, placé sur le dos, où il était comprimé à une pression considérable, et, grâce à un organisme automatique réglé avec une rigoureuse précision, il s’échappait d’une façon continue et à une tension toujours constante. La quantité en était calculée de manière à pouvoir entretenir la vie pendant une durée de dix heures. Pour fournir une issue à l’air qui s’échappait du réservoir, dont l’accumulation aurait fini par faire éclater l’appareil et qui, du reste, chargé des produits de l’expiration, c’est-à-dire d’acide carbonique et de vapeur d’eau, n’aurait pas tardé à devenir irrespirable, une petite soupape spéciale avait été ménagée au milieu de la poitrine. Lorsque la pression intérieure dépassait un certain degré, la soupape s’ouvrait d’elle-même, puis se refermait grâce à un ressort puissant et l’occlusion était complete.

Apres s’être divertis quelques instants de ce nouveau dégui-