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un monde inconnu

demandait-on avec anxiété si toutes ces espérances allaient se trouver encore une fois déçues.

Les nouveaux venus eurent bientôt fait de reconnaître la nature du gaz dont la présence viciait l’atmosphère. C’était un sulfure d’hydrogène.

« Vos conjectures, dirent-ils à Mérovar, sont évidemment fondées. Bien qu’aucune secousse ressentie dans les régions souterraines et que nous aurions infailliblement constatée, ne soit venue la révéler, il est certain qu’une crevasse s’est produite en un point quelconque de la cheminée de l’ascenseur, et a livré passage à ce gaz méphitique. Il faut donc avant tout que l’observatoire soit évacué, car l’air va devenir d’instant en instant plus irrespirable, et nous ne tarderions pas à être tous asphyxiés. »

Sur-le-champ Mérovar donna les ordres nécessaires pour qu’on se préparât au départ, et courut prévenir les trois amis.

Absorbés par l’attente fiévreuse du signal qui devait confirmer toutes leurs espérances, étrangers à tout ce qui se passait autour d’eux, ils étaient tous les trois dans la partie supérieure de l’observatoire, que des fils reliaient aux appareils électriques établis au dehors.

Déjà depuis plusieurs heures toute la région était plongée dans les ténèbres ; mais, ainsi que l’avait calculé Marcel, lorsque la nuit avait gagné l’observatoire, il était environ midi aux Montagnes Rocheuses, et il y avait encore quatre ou cinq heures à attendre.

L’œil rivé à l’oculaire des gigantesques lunettes, ils suivaient tout frémissants le mouvement de rotation de la Terre et voyaient la lumière reculer peu à peu vers la côte occidentale de l’Atlantique.

Le savant Mérovar entra précipitamment.

« Amis, leur dit-il, la situation devient périlleuse ; les enyoyés du Conseil Suprême ont décidé que l’observatoire devait être évacué. Déjà leur ordre est, en partie, exécuté ; il ne reste plus ici que nous. Hâtons-nous de redescendre pendant qu’il en est temps encore. »

Marcel ne parut pas l’entendre.