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la villa de rugel

— Alors vous n’irez pas seul, répliqua le savant qui avait déjà parlé ; nous vous accompagnerons. »

Et, munis de respirateurs à air comprimé semblables à ceux dont on se servait pour parcourir la surface du satellite, les trois savants et Rugel se précipitèrent dans l’ascenseur qui remonta avec une vertigineuse rapidité.

Arrivés à l’observatoire, ils se dirigèrent sans hésiter vers la salle d’observations où ils étaient bien sûrs de rencontrer ceux qu’ils cherchaient. Ils pouvaient, grâce aux appareils dont ils étaient revêtus, traverser impunément cette atmosphère mortelle.

Les quatre corps gisaient sur le sol sans aucune apparence de vie. Sans s’attarder à chercher s’ils respiraient encore, ils les enlevèrent et les transportèrent dans l’ascenseur qui redescendit aussitôt. Pendant le trajet on prodigua aux quatre infortunés les soins que réclamait leur état, insufflations d’ozone savamment graduées à l’aide d’inhalateurs perfectionnés, frictions avec des réactifs énergiques, pressions rythmées sur la région thoracique, tout fut mis en œuvre pour ramener en eux la vie qui paraissait éteinte.

Mérovar, dont la conformation toute différente de celle de ses trois compagnons par suite du développement de son appareil respiratoire, offrait plus de résistance à l’intoxication par les voies aériennes, avait déjà donné quelques signes de vie, avant même que l’ascenseur eût touché le sol ; mais rien n’avait pu tirer de leur insensibilité les trois habitants de la Terre.

On les transporta dans une vaste salle que de grandes ouvertures permettaient d’aérer largement, et l’on continua les soins actifs et intelligents qui jusque-là étaient demeurés inutiles.

Rugel surtout était inquiet et anxieux.

« Les malheureux ! disait-il ; quelle terrible imprudence, ou plutôt quelle obstination sublime ! Vont-ils donc ainsi périr sans recueillir le fruit de leurs efforts ? Pourvu qu’Azali arrive à temps. »

Et se tournant vers l’un des savants qui s’empressaient autour des trois amis :

« J’ai, dit-il, fait prévenir l’habile Azali ; il va nous dire s’il reste encore quelque chance de les rappeler à la vie… Mais le voici. »