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un monde inconnu

L’ingénieur était toujours dans le méme état ; toute apparence de vie semblait l’avoir abandonné, et, malgré l’action des courants électriques, la respiration artificielle était restée sans résullat.

« Il a absorbé plus longtemps que ses amis les gaz empoisonnés, murmura le physiologiste ; c’est l’intoxication qu’il nous faut combattre. »

Il avait prévu le cas. S’armant alors d’un petit instrument de métal analogue aux seringues dont on se sert sur la Terre pour les injections hypodermiques, il fit pénétrer profondément dans le tissu musculaire du flanc gauche de Marcel une certaine quantité d’un liquide incolore, mais d’une puissante énergie antitoxique. La douleur de cette blessure n’avait pas déterminé chez le malade le moindre tressaillement ; mais bientôt, sous l’action de l’agent injecté, le cœur, dont les mouvements semblaient avoir cessé, recommença à battre faiblement. En même temps que la circulation du sang reprenait son activité, se déterminaient des mouvements respiratoires.

Le visage assombri d’Azali s’éclaira :

« Courage ! fit-il, nous le sauverons. »

Il fit encore au patient deux nouvelles piqûres, et, à la suite de chacune d’elles, on put voir les mouvements vitaux reprendre et s’accélérer.

Au bout d’une heure, Marcel lui aussi était hors de danger.

Rugel, qui avait suivi avec une attention émue cette lutte de la science contre la mort, serra la main d’Azali ; son visage était rayonnant de joie.

« Ne yous réjouissez pas trop tot, ami, répondit le jeune homme ; leur vie matérielle est assurée, mais le poison qu’ils ont absorbé a profondément agi sur leur organisme, et principalement sur le cerveau, centre de toute pensée et de toute sensibilité. Il leur faudra bien du temps et bien des soins avant qu’ils aient recouvré le libre jeu de leurs fonctions et l’intégrité de leurs facultés intellectuelles.

— Pour cela, je m’en charge, » répondit Rugel.

Et c’est ainsi que les trois amis se trouvaient transportés dans l’asile tranquille où devait s’achever leur rétablissement.