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Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/320

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un monde inconnu

Mathieu-Rollére ; l’ingénieur Dumesnil, l’honorable W. Burnett n’étaient plus des inconnus pour eux. Ils avaient mis le prudent Aldéovaze au courant de tous ces détails de la vie antérieure de ses hôtes, et tous maintenant félicitaient chaleureusement Jacques et Marcel d’être ainsi rassurés sur le compte de ceux qui leur étaient chers. Eux-mêmes semblaient reconnaître, en ces deux noms qui avaient brillé dans l’espace, ceux de vieux amis dont on aurait été longtemps séparé et qu’on retrouverait avec plaisir.

Si Aldéovaze s’était montré impatient de consacrer enfin, d’une façon définitive, les communications commencées, Marcel ne l’était pas moins. Avec la promptitude d’esprit qui le distinguait, il eut bientôt fait d’expliquer aux savants qui l’entouraient, et dont l’esprit allait du reste au-devant de ses démonstrations, ce qu’avait fait l’ingénieur Dumesnil et ce qu’il comptait faire lui-même.

« C’est là toute une révelation, disait-il ; mais il nous faut faire mieux encore. »

Et, sur-le-champ, il expliqua son projet.

L’idée d’un rectangle disposé de façon à ce que toutes les lettres pussent y apparaître tour à tour et instantanément, était éminemment pratique, et il en avait aussitôt saisi le mécanisme. Mais il tenait à ce que les phrases qu’il enverrait à la Terre, si elles étaient tardives, fussent du moins plus complètes et plus rapides. Aussi résolut-il de disposer dans la vaste plaine où il avait déjà établi ses premiers signaux, douze rectangles analogues à celui qu’il avait vu fonctionner sous ses yeux, et qui lui permettraient de figurer d’un seul coup des mots entiers. La plupart, en effet, de ceux de la langue usuelle ne comptent pas plus de douze lettres. Rien n’empêchait même, lorsqu’on rencontrerait des mots d’une ou deux syllabes, d’en transmettre plusieurs à la fois.

Ce plan arrêté, l’exécution fut prompte, et bientôt une animation extraordinaire régna dans la plaine voisine de l’observatoire. Une armée de Diémides, choisis parmi ceux que leurs occupations habituelles rendaient les plus aptes à ce travail gigantesque, s’agitaient et se pressaient dans une confusion apparente ou régnait cependant l’ordre le plus parfait.

Sous la direction des savants qui s’étaient pénétrés de l’idée