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un monde inconnu

analogues à eux-mêmes et avec lesquels il n’était pas impossible de communiquer.

— Si tu n’as que cette preuve-là, interrompit Jacques, cela est assez maigre.

— Ne te hâle pas trop de juger, répliqua Marcel, mais plutôt écoute.

« Vous voyez ensuite, continua-t-il, un signe représentant très clairement un obus — celui du Gun-Club — se dirigeant vers la Lune. Le signe suivant nous montre ce même obus, qui n’a pas atteint son but, décrivant une courbe autour de notre satellite et finalement se dirigeant de nouveau vers la Terre, sur laquelle en réalité il est retombé.

— Tout cela ne prouve pas grand’chose, reprit Jacques incorrigible dans son scepticisme. Qu’en pensez-vous, Milord ?

— Oh ! fit l’Anglais, tout cela me laisse assez indifférent. Je ne tiens, vous le savez, qu’à faire le voyage avec vous et à me briser correctement sur la surface de la Lune. »

Cette observation jeta un froid.

Marcel poursuivit :

« Voici maintenant un boulet qui part de la Lune pour se diriger vers la Terre ; c’est évidemment la réponse à l’obus du Gun-Club. Et comme il est à supposer que les astronomes de la Lune ne se sont pas bornés à un seul envoi, ne sachant trop où tomberait leur projectile, la grosse sphère dont j’ai retrouvé les débris et qui renfermait le boulet, est bien certainement l’un des messages par lesquels ils ont essayé d’entrer en relations avec nous. Les signes qui suivent confirment cette démonstration : voyez en effet ce boulet qui va de la Lune à la Terre, cet obus qui suit une direction inverse, mais parallèle ; n’est-ce pas là l’indication manifeste de relations permanentes et suivies entre les deux astres au moyen de projectiles messagers circulant d’une façon régulière et normale ? N’est-ce pas la réalisation de l’idéal rêvé par les plus éminents d’entre les astronomes, et que le Gun-Club avait essayé de faire entrer dans le domaine pratique ? »

Alors Jacques s’exclama :

« Mais c’est une plaisanterie, mon cher Marcel ! tu as là