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Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/394

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un monde inconnu

ruinées, d’autres habitations dévastées se montraient à nos yeux ; parfois même notre pied heurtait sur le sol quelques fragments reconnaissables encore d’instruments ayant servi aux usages de la vie. Notre émotion grandissait ; nous n’avancions qu’avec hésitation et tout troublés au milieu de ces restes d’un passé qui paraissait encore récent, lorsque tout à coup nous nous arrêtâmes frappés de stupeur.

« À quelque distance de nous, un être humain nous apparut. Adossé à un pan de muraille, il se tenait immobile et paraissait étranger à tout ce qui l’entourait. Il était couvert d’un épais vêtement de couleur sombre, et sa silhouette se détachait nettement sur la blancheur de la pierre.

« Nul bruit n’avait trahi notre approche : il ne nous avait ni vus ni entendus. Saisis d’étonnement, nous le contemplions sans oser faire un pas, quand l’inconnu se redressa et, sans tourner la tête de notre côté, disparut presque subitement à nos yeux. Tout cela avait été si rapide que nous osions à peine en croire le témoignage de nos sens. Quelques-uns de mes compagnons voulaient s’élancer à sa poursuite, mais je les arrêtai, désireux tout d’abord de vous informer de cette découverte et de vous laisser le soin de décider ce qu’il convient de faire. »

Ce récit avait jeté l’âme de Rugel et de ses trois amis comme dans une sorte de stupéfaction.

Des réflexions toutes remplies d’anxiété et d’espérance se présentaient en foule à leur esprit.

Eh, quoi ! des débris de la race des hommes survivaient encore ! Il leur serait donné de retrouver des descendants des âges antiques miraculeusement conservés sur la surface de ce monde, où tout semblait avoir péri ! Que pouvaient être ces vestiges de l’humanité lunaire réduits à vivre dans une si misérable condition ? Dans quel état allaient-ils les trouver ? Avaient-ils gardé quelque chose de la culture intellectuelle et de la civilisation d’autrefois ? Étaient-ils, au contraire, occupés à se défendre contre les forces de la nature. qui les opprimait, retournés à la barbarie primitive ?

L’âme des explorateurs était agitée d’une poignante émotion ; un intérêt tout nouveau venait d’apparaître à leurs yeux.