Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/41

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Et, comme se parlant à lui-même, Jacques continua :

« Quel magnifique rêve ce serait là ! Arriver à constater la présence sur notre salellite d’une humanité avec laquelle nous pourrions entrer en communications suivies ! Quels horizons nouveaux ouverts devant la science !… Quelles découvertes inappréciables ne nous réserverait pas l’avenir ! Où s’arrêterait désormais le génie de l’homme et quelle gloire ne serait pas réservée à ceux qui auraient fait le premier pas dans les abîmes de l’infini ?

— Eh ! mais, docteur, fit alors lord Rodilan, il me semble que vous prenez feu bien facilement et que vous, qui étiez tout à l’heure si réservé, vous voilà maintenant aussi enthousiaste que votre ami.

— Ma foi, je ne m’en défends pas ; cet étrange message, les circonstances dans lesquelles il a été découvert, ce métal inconnu, tout cela me remue étrangement. Et vous-même, malgré votre flegme britannique, ne vous sentez-vous pas quelque peu ébranlé ?

— Oh ! moi, reprit l’Anglais, je suis désintéressé dans la question et, comme dit l’un de vos écrivains, mon siège est fait. Je ne veux qu’un genre de mort original et je ne crois pas le payer trop cher en vous assurant mon concours ; car il est une chose dont je demeure parfaitement convaincu, c’est que si nous échappons au choc initial au moment de notre départ, nous nous briserons infailliblement en cent mille morceaux sur les rocs de notre inhospitalier satellite.

— Ah ! permettez, dit Marcel…

— Non, mon ami, interrompit l’Anglais, — je vous demande, en effet, la permission de vous donner ce nom, puisque nos destinées vont être si étroitement unies, — nous reviendrons plus tard sur ce sujet, puisqu’il paraît vous intéresser.

— Et j’espère bien vous convaincre, conclut Marcel, en lui tendant la main, que l’Anglais serra vigoureusement ainsi que celle de Jacques, en murmurant : « Oh ! pour cela, j’en doute. »