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un monde inconnu

nos explorateurs. L’obus d’aluminium lui-même qui leur avait servi d’habitacle, était là sous un hangar fermé avec son aménagement intérieur.

Mais il fallait passer soigneusement en revue et le canon et le projectile. Comment l’un et l’autre s’étaient-ils comportés au moment du départ ? N’avaient-ils pas souffert dans une certaine mesure du long abandon dans lequel ils avaient été laissés ? Sans doute l’annonce publiée par les journaux américains affirmait que tout était en bon état, mais nos gens étaient trop avisés pour s’en tenir à une pareille assertion.

La Société nationale des communications interstellaires avait bien pris soin de faire élever au-dessus de l’orifice de la Columbiad une sorte de toiture pour la garantir des intempéries de l’air, mais on ne pouvait s’en rapporter absolument à de telles précautions ; il fallait se livrer à un examen sérieux et approfondi.

Marcel et lord Rodilan dirigeaient les travaux. La présence de Jacques, qui n’aurait apporté dans ces circonstances aucune compétence spéciale, n’avait pas été jugée indispensable. Il avait fait du reste connaître à ses deux amis le résultat de ses entreliens avec son oncle, et ceux-ci lui avaient obligeamment fait savoir qu’il pouvait tout à son aise préparer le départ de l’astronome et de sa fille pour les Montagnes Rocheuses : ils se chargeaient à eux deux de mener tout à bien pour l’époque où devait s’effectuer le voyage.

L’orifice de la Columbiad fut débarrassé de la toiture qui le protégeait, et à sa place on installa les palans qui devaient permettre de pénétrer jusqu’au fond du gigantesque tube pour en vérifier l’état. Marcel ne voulut laisser à aucun autre le soin de procéder à cet examen. Muni d’une puissante lampe électrique à réflecteur, il descendit lentement le long des parois et reconnut avec satisfaction que l’âme du canon avait été enduite dans toute sa longueur d’une épaisse couche de goudron pour la préserver des atteintes de l’humidité. Il put constater par une minutieuse inspection que nulle part cette couche de goudron n’était fendillée, ce qui prouvait suffisamment que le cylindre de fonte, soutenu par l’épais massif de maçonnerie dans lequel il était comme enchâssé, avait admirablement résisté à la formidable pression des gaz.