Page:Sénèque - Œuvres complètes, Tome 3, édition Rozoir, 1832.djvu/347

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ennemis jurés de tout homme excellent, il est fait à Platon, fait à Épicure, fait à Zénon ; car, tous ces philosophes disaient, non pas comment ils vivaient eux-mêmes, mais comment il fallait vivre. C’est de la vertu, non pas de moi, que je parle ; et quand j’éclate contre les vices, c’est d’abord contre les miens. Quand je le pourrai, je vivrai comme il faut vivre. Non, cette malignité, que vous colorez à force de poison, ne me détournera point de ce qui vaut le mieux ; ce venin même dont vous arrosez les autres, et qui vous tue, ne m’empêchera point de persister à faire l’éloge de la vie, non pas que je mène, mais que je sais qu’il faut mener. Je n’en veux pas moins adorer la vertu, et, me traînant sur ses pas à une grande distance, essayer de la suivre. J’attendrai donc qu’il existe quelque chose d’inviolable pour cette malveillance qui ne respecta ni Rutilius, ni Caton. Pourquoi n’y aurait-il pas quelqu’un aussi de trop riche, aux yeux de ceux pour lesquels Demetrius le Cynique28 est moins pauvre qu’il ne faut ? Cet homme plein d’énergie, qui lutte contre toutes les exigences de la nature, et qui est plus pauvre que tous les autres cyniques, en ce que, ces derniers s’étant interdits de posséder, lui, il s’est interdit même de demander, eh bien ! au dire de ces gens-là, il n’est pas assez indigent : car, voyez-vous ? Ce n’est pas la doctrine de la vertu, c’est la doctrine de l’indigence, qu’il a professée.

XIX. Diodore, philosophe épicurien29, qui dans ces derniers temps a terminé sa vie de sa propre main, les mêmes gens nient que ce soit d’après un arrêt d’Épicure qu’il ait agi en se coupant la gorge : les uns veulent que dans cette action du philosophe on voie une