Page:Sénèque - Œuvres de Sénèque le philosophe, Tome 2, trad Baillard et du Bozoir, 1860.djvu/376

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même l’excès passager du bon vin : à cet égard il s’appuie de l’exemple de Solon, d’Arcésilaüs, de Platon, d’Aristote, de Caton, dont Horace a dit :

Narratur et Prisci Catonis
Sæpe mero caluisse virtus.


.....La vertu du vieux Caton,
Chez les Romains tant vantée,
Était souvent, nous dit-on,
De Falerne enluminée.

Je ne sais si Serenus avait pris trop à la lettre le conseil que lui donnait Sénèque de se distraire ; mais Pline l’Ancien nous apprend qu’il périt avec tous ses convives empoisonné par des champignons. Sénèque, dans la lettre LXIIIe, se reproche d’avoir pleuré cet ami avec trop peu de mesure pour un stoïcien. Un traducteur de Sénèque fait à ce propos ces réflexions : « Cet aveu prouve également que les philosophes ne sont point au— dessus des sentiments de la nature et que l’esprit de secte et de parti égare presque toujours ceux qui, sans examen, attachent l’infaillibilité à la parole du maître. Sénèque, au lieu de se reprocher comme stoïcien les larmes qu’il avait données à la perte de ses amis, aurait dû au contraire s’en applaudir. Dans de telles circonstances elles honorent l’humanité. » Sénèque avait d’autant plus tort de se reprocher sa sensibilité, qu’il ajoute que Serenus lui était bien cher, carissimum mihi, et qu’il était beaucoup plus jeune que lui : minor est Serenus meus, circonstance qui devait ajouter à ses regrets :

Tua vita dignior ætas,

a dit, en parlant d’un jeune homme, l’âme sympathique de Virgile.

A quelle date faut—il placer cet ouvrage de Sénèque ? Il serait difficile de le dire d’une manière précise. On peut