ARGUMENT
Autant dans la Consolation à Polybe Sénèque se montre au-dessous de lui-méme, et comme écrivain et comme philosophe, autant il s’est honoré en adressant à Marcia la troisième des épitres consolatoires qui nous sont parvenues sous son nom.
Marcia paraît avoir été, par sa position sociale et par ses qualités personnelles, digne d’estime et de respect. Elle était fille de cet Aulus Cremutius Cordus qui, dans une histoire écrite sous Auguste, avait loué Brutus et appelé Cassius le dernier des Romains. Auguste, au rapport de Suétone, entendit avec plaisir la lecture de cette courageuse production ; mais elle devint, sous Tibère, l’objet d’une accusation capitale. Cremutius Cordus plaida .sa cause devant le sénat, avec beaucoup d’éloquence et de fermeté ; et, au sortir de l’assemblée il se laissa mourir de faim pour se soustraire à la haine de Séjan. « Alors, observe Diderot, par une mort volontaire, on affligeait les scélérats privés du plaisir d’assassiner. » Les livres de Cremutius furent condamnés au feu ; sa fille osa en conserver une copie ; et, plus tard, quand Caligula débuta, sur le trône, par quelques actes estimables, il fit rechercher les ouvrages de Cremutius Cordus, et en permit la lecture : Esse in manibus lectitarique permisit. (Suétone.)
La vertueuse Marcia avait perdu Metilius son fils, pendant l’exil de Sénèque. Elle le pleurait depuis trois ans, lorsque ce philosophe lui adressa cet ouvrage, dont on ne peut assigner la date d’une manière bien précise ; mais qui, selon la conjecture de Juste-Lipse, fut vraisemblablement composé sous les dernières années de Claude, et après que Sénèque eut été rappelé à Rome par le crédit d’Agrippine, seconde femme de cet empereur. Ch. Dr.