Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/131

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m’élever dans les plus hautes régions du monde céleste ; oui, montons jusqu’au séjour des dieux, Jupiter m’en permet l’entrée. Mais s’il me la refuse ? non, la terre ne peut me porter plus long-temps, elle doit enfin me rendre au ciel ma patrie. Voici que tous les dieux m’appellent de concert, et m’ouvrent les portes de l’Olympe ; Junon seule veut me les fermer. Laisse-moi entrer, ouvre-moi la porte, ô Junon, si tu ne veux pas que je la brise. Tu hésites encore ? je vais rompre les chaînes de Saturne, et lâcher ce vieux roi du ciel contre le fils impie qui l’a détrôné. Que les Titans furieux se préparent à recommencer la guerre, je leur servirai de chef ; j’arracherai les collines avec les forêts qui les couvrent, je déracinerai les montagnes habitées par les Centaures ; je les poserai l’une sur l’autre, comme des degrés pour monter au ciel. Chiron va voir l’Ossa dominer le Pélion ; l’Olympe sera le dernier échelon qui me portera, ou que je lancerai jusqu’au séjour des dieux.

AMPHITRYON.

Écarte, ô mon fils, ces coupables pensées. Ton cœur est noble, mais il s’égare ; hâte-toi de calmer cette fougue impétueuse.

HERCULE.

Que vois-je ? les Géans furieux se dressent tous en armes ! Tityus s’est échappé du séjour des Ombres, le sein déchiré, sans entrailles, et le voilà tout près du ciel ! le Cithéron s’ébranle, l’orgueilleuse Pallène tremble jusque dans ses fondemens, et toute la vallée de Tempé. Un des Titans a soulevé la cime du Pinde, un autre l’Œta. Mimas se livre à toute sa furie. La cruelle Érin-