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former un port. Vis-tu, ou si ta fureur, qui t’a porté à détruire ta famille, t’a détruit toi-même ? Il dort : on le sent vivre et respirer. Laissons-lui prendre quelques momens de repos, afin que le calme profond du sommeil apaise le trouble violent qui l’agite. Enlevez-lui ses armes, pour que sa fureur ne les reprenne pas au réveil.





Scène II.

CHŒUR DE THÉBAINS.

Que le ciel et le dieu puissant qui le tient sous ses lois, que la terre féconde, et les flots mouvans de la mer prennent le deuil ; et toi surtout, brillant Soleil, qui colores de tes feux la terre et les mers, et chasses les ténèbres devant l’éclat de tes rayons : de l’aurore au couchant, Hercule a suivi ta marche. Il connaît le lieu de ton lever et celui de ton coucher. Dieux suprêmes, dissipez les terribles visions qui l’obsèdent, et ramenez à la raison ses esprits égarés. Sommeil réparateur des maux, repos de l’âme, toi, la meilleure partie de l’existence humaine, fils ailé d’Astrée, et frère compatissant de la cruelle Mort, qui, mêlant l’erreur à la vérité, tantôt nous révèles, et tantôt nous caches les secrets de l’avenir : père de toutes choses, port assuré contre les orages de la vie, repos du jour, compagnon de la nuit, qui répands également tes dons sur le monarque et sur l’esclave, verse le baume adoucissant de tes pavots sur Hercule, et calme l’affreux désordre de son âme. Toi