Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/159

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HERCULE.

C’est pour m’épargner ce malheur que je veux mourir.

AMPHITRYON.

Quoi ! sous mes yeux ?

HERCULE.

Je les ai rendus témoins d’un crime.

AMPHITRYON.

Tu dois plutôt, en considération de tant de beaux exploits, obtenir de toi-même le pardon du seul acte coupable que tes mains aient commis.

HERCULE.

Peut-on se pardonner à soi-même ce qu’on a toujours puni dans les autres ? Le bien que j’ai fait m’était commandé ; cet acte seul est de moi tout entier. Venez à mon aide, ô mon père, au nom de votre tendresse paternelle, au nom de ma triste destinée, au nom de cette gloire dont j’ai terni l’éclat. Mes armes ! que la mort du moins me dérobe aux coups de la fortune.

THÉSÉE.

Les prières d’un père ont sans doute assez de puissance ; mais pourtant, sois aussi touché de mes pleurs ; sors de cet abattement, et oppose au malheur ta force accoutumée ; reprends ce courage qui jamais ne plie sous l’infortune ; c’est le moment de montrer toute l’énergie de ton âme : il faut vaincre ta colère.

HERCULE.

Vivant, je reste criminel ; mort, je ne suis plus que malheureux. Hâtons-nous de purger la terre : depuis trop long-temps un monstre impie, cruel, féroce, implacable, attend mes coups ; allons, mon bras, il faut exé-