Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’or avec son onde, suffiraient-ils jamais à purifier cette main ? quand les eaux méotides passeraient toutes sur moi, quand Thétis répandrait tous ses flots sur mes mains, la trace de mon crime ne s’effacerait pas. Misérable ! où vas-tu chercher un asile ? à l’orient ou à l’occident ? Connu partout, je ne trouverai nulle part un lieu d’exil. L’univers tout entier me repousse ; les astres se détournent dans leur cours, à mon aspect. Le Soleil a vu Cerbère avec moins d’horreur. Fidèle ami, cher Thésée, trouve-moi quelque retraite lointaine, inconnue des humains. Puisque c’est ton partage d’être toujours le complice des crimes des autres, et de t’attacher aux coupables, tu dois reconnaître mes bienfaits, et me payer de retour ; ramène-moi dans le séjour des Ombres, et je porterai, à ta place, le poids de tes chaînes ; l’enfer me servira d’asile…... Mais que dis-je ? l’enfer aussi me connaît.

THÉSÉE.

Mon pays t’offrira l’asile que tu cherches. C’est là que le dieu de la guerre purifiera tes mains sanglantes, et te rendra tes armes. Viens, Alcide, allons vers cette terre qui rend aux dieux mêmes leur innocence.