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l’urne de l’Inachus n’a plus d’onde, les eaux saintes de l’Alphée se sont perdues sous la terre, les blancs sommets du Cithéron ne sont plus, il a perdu ses neiges, et le noble peuple d’Argos tremble que la sécheresse antique ne soit revenue. Le Soleil lui-même se trouble ; il ne sait s’il doit poursuivre sa course, et guider encore la marche du jour prêt à s’éteindre.





Scène II.

LE CHŒUR.

Dieux qui veillez sur Argos l’achéenne, et sur Pise si fière de ses luttes olympiques, qui chérissez Corinthe, et son isthme, et son double port, et ses deux mers ; qui regardez avec amour les sommets neigeux du Taygète dont la blanche couronne formée par le souffle de l’Aquilon se fond au printemps sous la chaude haleine des vents étésiens ; divinité favorable aux claires eaux de l’Alphée qui baignent les sables d’Olympie ; faites descendre la paix sur nous, empêchez le retour de cette lutte criminelle entre des frères. Ne permettez pas que l’aïeul soit remplacé par des petits-fils plus coupables encore, ni que la scélératesse des enfans efface les attentats du père. Que la postérité du malheureux Tantale se lasse enfin dans cette voie du crime. C’est assez de barbaries. Leur sombre fureur a passé par dessus toutes les lois, par dessus même tous les crimes connus. Myrtile, qui avait trompé