Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de tant de bienfaits. L’éclat du diadème convient mal à ma tête flétrie par la misère, le sceptre à mes mains coupables : laissez-moi me cacher dans la foule obscure de vos sujets.

ATRÉE.

Non ; il y a place pour deux sur mon trône.

THYESTE.

Je jouis de tous vos biens, mon frère, comme s’ils étaient à moi.

ATRÉE.

Peut-on se dérober aux faveurs de la fortune ?

THYESTE.

Oui, quand on sait combien elles nous échappent facilement.

ATRÉE.

Voulez-vous me priver ainsi d’une gloire immense ?

THYESTE.

Votre gloire est assurée, il me faut songer à la mienne. Je suis fermement résolu à refuser le trône que vous m’offrez.

ATRÉE.

Si vous n’en prenez votre part, je renonce à la mienne.

THYESTE.

J’accepte donc, et, puisque vous me l’imposez, je porterai le titre de roi ; mais le droit et la puissance que vous me donnez, vous seront toujours soumis, aussi bien que ma personne.

ATRÉE.

Que votre noble front se pare du bandeau royal ; moi, je vais sacrifier aux dieux les victimes que je leur dois.