Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/251

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affreuse terreur glace nos âmes, nous tremblons que ce ne soit la fin de toutes choses, et que l’informe chaos ne revienne envelopper les hommes et les dieux ; nous tremblons de voir la terre, la mer, le feu et les étoiles errantes se perdre encore une fois dans le bouleversement de la nature. Le roi des astres, dont l’éternel flambeau conduit la marche des siècles, ne marquera plus la succession des hivers et des étés. La lune, venant à sa rencontre, ne diminuera plus l’horreur de la nuit effrayante, dans sa course plus rapide que celle de son frère, parce que la courbe qu’elle décrit est aussi moins grande. La foule innombrable des astres se perdra dans un même abîme.


Le cercle céleste, autour duquel tournent les années et les constellations, et qui partage obliquement les zônes, tombera lui-même et entraînera dans sa chute les astres défaillans. Le Bélier qui, aux premiers jours du printemps, ouvre les voiles aux tièdes zéphyrs, sera précipité dans les flots à travers lesquels il porta jadis la timide Hellé. Le Taureau, qui sur ses cornes brillantes soulève les Hyades, entraînera dans sa chute les Gémeaux et le Cancer aux pinces recourbées. Le Lion de Némée, qui lance tous les feux de l’été, retombera du ciel où la valeur d’Hercule l’a fait remonter. La Vierge reviendra sur la terre qu’elle avait quittée. La Balance et l’ardent Scorpion se détacheront ensemble du zodiaque. Le vieux Chiron, qui lance des flèches empennées avec son arc