Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/253

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d’Émonie, verra cet arc se rompre dans sa main, et ses flèches tomber. Le Capricorne glacé, qui ramène l’hiver, brisera en tombant l’urne du Verseau qui lui-même entraînera la dernière constellation du ciel, les Poissons. Les monstres, qui jamais ne se sont baignés dans les flots de l’Océan, s’engloutiront dans cet abîme universel ; le Serpent, qui s’étend comme un fleuve onduleux entre les deux Ourses, périra, ainsi que la Cynosure glacée, qui occupe si peu de place à côté de l’immense Dragon. Le pesant Bouvier, qui garde son chariot, perdra son immobilité et se précipitera du haut du ciel.


Malheureux ! nous avons été choisis dans la multitude des générations humaines pour être écrasés sous la chute du monde ; notre vie a été marquée pour la fin des siècles. Ô race également déplorable, soit que nous ayons perdu le soleil sans notre faute, soit que nous l’ayons chassé par nos crimes ! mais point de plaintes et point de terreur. Ce serait un amour insensé de l’existence que de se refuser à périr avec le monde.