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ACTE QUATRIÈME.





Scène I.

JOCASTE, POLYNICE, ÉTÉOCLE.
JOCASTE.

C’est contre moi qu’il faut tourner le fer et les flammes ; c’est contre moi, contre moi seule qu’il faut diriger l’effort de ces guerriers partis de la ville d’Inachus, et de ceux qui sont descendus en armes de la citadelle de Thèbes. Citoyens et ennemis, frappez ce sein qui a donné des frères à mon époux ; déchirez mes membres, et mettez mon corps en pièces, puisque c’est moi qui ai mis au monde ces deux frères ennemis. Avez-vous jeté vos armes ? faut-il vous en prier encore, après vous en avoir tant priés ? Donnez-moi vos mains, donnez-les-moi tandis qu’elles sont encore pures. Jusqu’ici l’égarement seul vous a rendus coupables, votre crime a été celui du destin qui nous poursuit ; mais, de ce moment, vous devenez volontairement criminels ; il dépend de vous de l’être ou de ne l’être pas. Si le devoir vous touche, réconciliez-vous à la voix de votre mère ; si le crime vous plaît, vous aurez un double forfait à commettre. Votre mère se jette entre vous deux. Laissez là toute pensée de