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n’est aucun moyen d’empêcher de mourir celui qui en a pris la résolution, surtout quand la mort est dans son devoir comme dans sa volonté.

LA NOURRICE.

Ô ma chère maîtresse, vous la seule consolation de mes vieux ans, si cette ardeur qui vous possède est si forte, méprisez la renommée ; elle ne s’attache pas toujours à la vérité ; elle est souvent meilleure ou pire que les actions. Essayons de fléchir cet esprit dur et intraitable. Je prends sur moi d’aborder ce jeune homme farouche, et d’émouvoir son âme insensible.





Scène III.

LE CHŒUR.

Déesse qui naquis au sein des mers orageuses, et que le double Amour appelle sa mère, combien sont redoutables les feux et les flèches de ton fils, et combien les traits qu’il lance en se jouant, avec un sourire perfide, sont inévitables ! la douce fureur qu’il inspire se répand jusque dans la moelle des os ; un feu caché ravage les veines ; il ne fait point de larges blessures, mais le trait invisible pénètre jusqu’à l’âme et la dévore.

Ce cruel enfant ne se repose jamais, ses flèches rapides volent incessamment par le monde. Les pays qui voient naître le soleil et ceux qui le voient mourir, les