Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/387

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l’homme que le destin poursuitfide ses rigueurs ; mais celui qui va au devant des diëgrâces, et’qui se tour.- meiite volontairement lui-même, mérite de perdre les biens dont il ne sait pas jouir. Souvenez-vous de votre jeunesse, et donne ; à' votre esprit les distractions qu’il‘ demande. Allumez le flambeau des nocturiies plaisirs ; sacrifiez à Bacchii-s, et noyez dans son sein vos graves inquiétudes. Jouissez de la jeunesse, elle s’écoule avec rapidité. A votre âge “le ébeur s’ouvre facilement, le plaisir est doux ; livrez-vous à son, empire. Pourquoi votre couche est-elle solitaire ? Quittez “cette, vie austère qui convient mal à votre âge ; livrez—vous aux voluptés, donnez-vous une libre carrière, et ne” perdez pas sans fruit vos plus beaux jours. Dieu a tracé à chaque âge ses“ devoirs, et marqué les différentes saisons de notre vie. La joie sied bien au jeune homme, .la tristessë au vieil—- “lard. Pourquoi vous comprimer ainsi vous-même, et fausser la plus heureuse nature ? Le laboureur a beaucoup à espérer d’une moisson qui, jeune encore, s’élance avec force et couvre les sillons de ses jets hardis. L’arbre qui doit élever au dessus de tous les autres sa tête puisSante' est celui dont une main. jalouse n’a point coupé les rameaux. Les âmes nobles se portent plus facilement jusqu’au faîte de la gloire, quand la liberté favorise et active leur développement. Sauvage 'et solitaire, vous ignorez les plus doux charmes de l’a vie, et vous con- sumez tristement votre jeunesse dans le mépris de Vénus. Croyez-vous que le seul devoir des hommes de cœur soit de se soumettre à une vie dure et laborieuse, de dompter des coursiers fougueux, et de-se livrer tout entiers aux