Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/397

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mode et sans péril, le matin brillant se lèvera sur les ondes occidentales de la mer d’Hespérie, et les loups caresseront avec amour les daims timides, avant que mon cœur se dépouille de sa haine, et s’apaise envers la femme.

LA NOURRICE.

Souvent l’amour subjugue les âmes les plus re— belles, et triomphe de leurs antipathies. Voyez le royaume de votre mère ; les fières Amazones se sou- mettent aussi à la puissance de Vénus, vous en êtes la preuve, vous l’unique enfant mâle conservé dans cette nation.

HIPPOLYTE.

La seule chose qui me console de la perte de ma mère, c’est le droit qu’elle me donne de haïr toutes les femmes.

LA NOURRICE.

Comme une roche dure et de tous côtés inabordable, qui résiste au mouvement des mers, et repousse au loin les vagues qui viennent l’assaillir, le cruel méprise mes discours… Mais voici Phèdre qui accourt à pas préci- pités, dans sa brûlante impatience. Que va-t-il arriver ? quelle sera l’issue de ce fatal amour ? — Elle est tombée par terre ; plus de mouvement ; la pâleur de la mort s’est répandue sur tous ses traits. Relevez-vous, ma fille, ouvrez les yeux, parlez, c’est votre Hippolyte lui-même qui vous tient dans ses bras.