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ACTE TROISIÈME.


Scène I.

THÉSÉE, LA NOURRICE.
THÉSÉE.

Enfin me suis échappé du sein de la nuit éternelle, et j’ai franchi la voûte souterraine-qui couvre les mânes enfermés dans leur vaste et sombre prison. Mes yeux peuvent à peine soutenir l’éclat du jour tant désiré. Quatre fois Éleusis a recueilli les dons de Triptolème, quatre fois la Balance a égalisé la durée des nuits et des jours, depuis qu’un destin bizarre me retient entre la vie et la mort. Pendant tout ce temps, je n’ai con- servé de la vie que le sentiment de l’avoir perdue. C’est à Hercule que je (lois la fin de mes malheurs ; il a forcé la porte du sombre empire, et m’a ramené sur la terre en même temps que le chien du Tartare. Mais mon cou- rage abattu ne retrouve plus sa vigueur première ; mes genoux tremblent sous moi. Ûhl que la route est péni- ble, des abîmes du Phlégéthon au séjour de la lumière ! Que de maux pour franchir cet espace, échapper à la mort, et suivre les pas d’Alcide ! Mais quel gémissement lugubre a frappé mes oreilles ? Parlez, quelqu’un. Les soupirs, les larmes , la douleur, m’attendaient au seuil de