Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/433

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contre moi que tu prenais tous ces détours ? c’est en souillant ma couche, c’est par un inceste abominable que tu voulais commencer ta vie d’homme ? Ah l je dois aujourd’l’iui rendre grâces aux dieux de ce qu’Antiope a déjà péri sou-s ma main , et de ce que, au moment de descendre aux rivages du Styx, je n’ai point laissé ta propre mère auprès (le toi. Va cacher ta honte parmi des peuples inconnus : quand même tu serais séparé de ce pays par toute l’étendue des mers ; quand même .tu habilerais le point de la terre opposé à celui que nous occupons ; quand tu t’exilerais aux dernières limites du monde, et franchirais la barrière du pôle septentrional ; . quand tu pourrais, t’élevant au delà du séjour des nei- ges et des frimas , laisser derrière toi le souffle orageux et glacial de Borée, tu n’évileras jamais le châtiment de tes crimes. Ma vengeance obstinée te suivra partout. Je visiterai les lieux les plus lointains, les mieux défen- dus , les plus cachés, les plus divers ,7 les plus inabor— dables ; aucun obstacle ne m’arrêtera, tu sais d’où reviens : le but que mes traits ne pourront atteindre, mes prières l’atteindronl : le dieu des mers m’a promis d’exaucer trois vœux formés par moi, et a pris le Stya à témoin de cette promesse. Accorde—moi cette faveur, ô Neptune' ; Que ce jour soit le dernier pour Hippolyte, et que ce coupable fils aille trouver les Mânes irrités contre l’auteur de ses jours. Rends-moi ce funeste service, ô mon père ! Je ne réclamerais point aujourd’hui la dernière faveur que tu me dois, sans un malheur affreux dans les sombres cavernes de l’enfer, sous la main terrible de Plu-tonz, quand j’avais